J. Giono, Le Grand troupeau




Jean Giono


Jean Ginono , soldat



Biographie

Jean Giono est un écrivain français né en 1895 et mort en 1970 en France.
La plupart de ses œuvres romanesques parlent  de la nature, de l’homme en général, de la Première Guerre mondiale et de la paix.
Quelques exemples de ses écrits :
-          L’Homme qui plantait des arbres en  1953, parle d’écologie. Il fut transcrit en un film d’animation.
-          Le Grand troupeau, édité en 1931, narre la 1ere Guerre mondiale.
-          Un roi sans divertissement, paru en 1947, commente comment l’homme, avec l’ennui, peut être amené à tuer.  
Issu d’une famille d’ouvriers (son père est un cordonnier et sa mère une couturière) et pour manque d’argent,  il arrête les études et devient banquier. En 1916, il est mobilisé à la bataille de Verdun et combat sur le Chemin des Dames.  Traumatisé par l’horreur des combats sanglants, il décide de décrire son expérience dans Le Grand Troupeau. Ce sera son 2eme ouvrage. À ce moment-là, encouragé par ses amis artistes, il s’engage dans la littérature. Par ailleurs, il se marie en 1920 à son amie d’enfance,  Élise. Il aura 2 filles.  
En 1944, Giono est incarcéré pour collaboration au régime de Vichy. Finalement il est libéré 5 mois plus tard. Ayant vécu cette situation honteuse, il finit par trouver un nouveau souffle  dans son style et décide alors de se consacrer tout entier à l’écriture. Ce sera une période de succès pour lui.
Au cours de ses dernières années d’existence, son travail est ralenti par des faiblesses cardiaques. Il meurt d’une crise cardiaque en 1970, à la suite d’une opération au cœur.
Il sera enterré dans son village natal, Manosque.




Résumé critique de l'oeuvre

 

Le Grand Troupeau de Jean Giono est un roman paru en 1931. C’est une œuvre réaliste qui traite de la première guerre mondiale et des conditions difficiles qui s’y rattachent.  Le livre se déroule pendant les quatre années de la première guerre mondiale. On y voit autant les femmes au foyer qui subissent la guerre dans leur village que les hommes qui se battent au front. Nous allons présenter un résumé du récit qui sera suivi d’une critique de l’œuvre. En quoi cette œuvre décrit-elle la réalité de la guerre ?
La 1ère Guerre mondiale est déclarée et les hommes sont appelés à la guerre. Il ne reste plus que les vieillards, les femmes et les enfants au village.
Un jour, un troupeau de moutons vient à passer dans ce village, à sa tête un berger fatigué. Ils marchent le long de la route vers d’autres pâturages.
On apprend l’existence de la famille de Joseph, une famille rurale avec comme membres son père, sa femme et sœur. Le berger amène son troupeau dans le champ des voisins de la famille de Joseph. Il leur demande de soigner son bouc malade, et reviendra le chercher plus tard.
Joseph est aux côtés d’un camarade loin du front, qui est à la fin de sa vie et meurt. Joseph part sur la route  rejoindre le régiment. Celui-ci écrit une lettre qui parvient à sa femme, Julia, lui expliquant les conditions de vie qu’il endure. La famille de Joseph et ses voisins, la famille de d’Olivier, veillent le corps absent d’un ami mort au combat. Olivier part au front pour faire la guerre. Il rejoint une violente bataille et en ressort traumatisé.
Joseph doit partir à l’hôpital. Julia, quant à elle, travaille au champ car elle remplace les hommes absents. La bataille de Verdun fait rage et les hommes sont épuisés. Julia apprend par une lettre qu’on a amputé le bras droit de joseph.
Olivier voit que son capitaine devient fou car celui-ci se parle tout seul. Olivier revient auprès de son amante, Madeleine, mais doit repartir aussitôt. Il combat ardûment au front. Madeleine est enceinte, Julia veut qu’elle avorte mais Madeleine désire l’enfant. Apprenant la nouvelle, Olivier décide de se mutiler pour revenir auprès des siens. Madeleine accouche alors que le berger revient chercher son bouc soigné. La fin du livre se termine par la bénédiction de l’enfant né, par le berger.
Le Grand Troupeau traite des conditions difficiles que rencontrent les gens qui sont partis se battre durant la Première Guerre mondiale. Le statut externe rend compte d’une description détaillée de l’horreur de la guerre et des actions commises par des soldats ignorants. On peut facilement s’imaginer ce qu’ils ressentent face à leur situation vécue.
L’œuvre insiste particulièrement sur les horreurs de la guerre. On pensera au passage révoltant des rats qui mangent la chair des cadavres de soldats. Elle décrit également les conditions de vie des soldats au front et des familles restées à la campagne.
Chacun des personnages témoigne de la guerre à sa façon. La réalité vécue témoigne de la réalité descriptive du roman : les femmes qui attendent le retour tant espéré de leur mari, et ceux-ci, pris dans l’épouvante des combats. Les hommes ont une conscience vis-à-vis d’une mort certaine, mais semblent naïfs vis-à-vis de ce qu’ils vont endurer.

L’auteur prend le lecteur aux tripes avec l’emploi d’un vocabulaire très imagé des scènes, des odeurs et des actions. Il use d’un langage familier, caractéristique des hommes de la campagne du début du 20e siècle, et l’utilisation du présent nous plonge dans l’action. Tous ces éléments rendent mieux compte de la réalité de la guerre.

Par conséquent, les principaux intérêts de l’œuvre sont la vie quotidienne au moment de la  première guerre mondiale, la vie au front et la vie à la compagne. Les défauts sont le manque de sentiments des personnages dans l’histoire  face aux actions et aux malheurs vécus et l’absence des références historiques. Cependant le principal défaut est le statut externe qui explique  cette absence. Cette œuvre  est plus réaliste que les autres car elle décrit plus précisément les personnages au front et les femmes qui les remplacent à l’arrière.  Le combat et la vie vécus par les personnes dans l’histoire sont dramatiques, ce qui explique la réalité de la guerre en tant que telle. 


 

Illustration d'un extrait de l'oeuvre

 

« Chère femme, cher père,

Je viens vous donner de mes nouvelles qui pour le moment, sont très bonnes. Quand j’ai reçu le paquet, on faisait des marches, et vous savez que moi, je ne profite guère en cours de route pour mes pieds. Alors, j’ai attendu. Je te remercie de l’andouillette. Il faudra me mettre un morceau de saindoux pour me graisser les pieds que c’est toujours pareil, comme à la maison. Je peux pas marcher une heure sans m’entamer. Encore, depuis que j’ai ces souliers de repos ; je me les mets en arrivant. Seulement, sa prend l’eau. Ces jours ci j’ai reçu une carte de la cousine Maria qu’elle m’a bien fait plaisir, surtout de voir qu’elle prend bien la vie du bon côté. Je voudrais lui faire réponse, mais elle a tellement mal mis l’adresse qu’on ne peut pas comprendre, le nom est tout gribouillé. Si elle a changé de ferme elle viendra « Aux Chauranes » pour sûr. Je la connais. Faites bien attention à pas lui prêter mon brabant double. C’est ça qu’elle guette. Et vous savez que elle, pour rendre … (…) ici, ça n’est pas trop guai, mais il n’y a rien à faire ! Enfin, qu’on retourne, c’est tout ce qu’il nous faut … tout à l’heure il tombait une petite neige. Maintenant il pleut. N’oubliez pas le saindoux. Chère femmes, ou j’étais avant, c’était dans une ferme et ils ont trouvés un moyen pour le fumier de cochon. Je voyais qu’ils le mettaient aux petites plantes. Alors j’ai dit  ça brule. Ils m’ont dit non, parce que c’est le pissat qui brule et qu’ils ont fait une rigole, alors ça coule dessous le fumier et on peut mieux s’en servir. Le secteur est pas mauvais. C’est des territoriaux qu’on a remplacés. On a qu’à pas faire les imbéciles et on est tranquille. Celui que je vous avais dit qui était de Perpignan, vous savez qu’il était dans une fabrique de sandalettes, il a été tué hier, mais ça a été par sa faute. Moi je suis pas de ceux-là. Maintenant on m’a dit que peut être nous irions a la grande bataille. Je peux pas vous dire le nom, vous devez comprendre ce que je veux dire d’après les journaux. Enfin on est bien obligé. Ah ! J’ai encore une chose à vous dire : ‘ai su par un de Valensole qui est de liaison au Colons, que le fils Bonnet avait été tuer. Vous direz a sa mère que je prends bien part. Aussi je veux vous dire que vous êtes de gros couillons d’avoir laissé échapper l’occasion de la ferme du Casimir ; puisque c’était à vendre, il fallait l’acheter, quitte à la laissé en herbe. Moi, au retour, ça irait. Qu’est-ce qu’il devient celui-là, le Casimir ? Comme vous me dites que le fils Olivier va monter au front, ne laisser pas échapper l’occasion cette fois. Ces jeunes ils veulent toujours faire les imbéciles ; il peut être tué ou, sans ça, comme il ne reste que le grand père et la mère ils pourraient vouloir vendre leur pièce du bas des côtes, ça nous arrangerait. Nous, là, nous avons une pointe que c’est de la terre perdue, qu’au lieu ça  s’arrondirait. Père, fais-y attention à ça, et surveille le. Dès qu’il part, va voire la terre, tu verras. Je ne vois plus rien à vous dire. J’embrasse ma sœur et souvient toi bien de ce que je t’ai dit, j’y pense. J’embrasse ma chère femme et père.

Joseph »

 

C’est une lettre issue d'une correspondance entre un soldat qui s’en va au front et sa famille qui demeure en campagne. Celui-ci décrit les conditions réalistes dans lesquelles il vit au jour le jour avec ses camarades. Le ton employé y est familier, typique des hommes de la campagne du début du 20e siècle. L’emploi du présent nous plonge dans l’action. Le lecteur est à ses côtés : la description des scènes, les odeurs, les sentiments, sont ressentis par le bais d’un vocabulaire très imagé. L’homme fait allusion à une grande bataille, probablement celle de Verdun ou du mont Cassel. Il donne des conseils et des avertissements à sa famille sur la façon de gérer sa ferme. Il tient à garder sa position de chef de famille, mais semble surtout inconscient du danger vers lequel il se dirige. L’auteur prend le lecteur aux tripes. Comment laisser ce sympathique personnage courir vers la mort ? Pire encore, Giono nous dépeint un moment fort et pathétique du soldat de la 1ère Guerre mondiale : celui où il se doute tout de même qu’il ne reviendra pas et qu’il doit s’assurer de laisser derrière lui ses affaires en ordre afin que sa famille ne manque de rien. On notera les tournures de phrases et le ton optimiste du personnage qui dédramatise ce qui deviendra bientôt l’une des pires périodes de l’Histoire de France. Ces trois pages, à elles seules, donnent le ton du roman. Elles témoignent aussi et surtout de la vie de Giono qui, lui-même, prit part à la Grande Guerre. On a choisi l’illustration car ça illustre la partie où jean Giono raconte le moment où le soldat marche dans la boue.


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