Dorgelès en 1915 |
Roland Dorgelès : Les Croix de Bois
Roland Dorgelès (1886-1973) est un écrivain français ayant écrit sur la 1ère Guerre Mondiale. Il est né à Amiens, en Picardie, le 15 juin 1886 sous le nom de Roland Lacavelé (son véritable nom, Dorgelès n’étant qu’un pseudonyme). Il connaît une enfance triste et difficile avec des parents qui ne s’entendent pas. Il a l’occasion de rencontrer Jules Verne avant de partir pour la capitale et lui reproche la disparition du Capitaine Némo à la fin de 20000 lieues sous les mers.
À Paris, il étudie aux Beaux Arts et devient journaliste
Avant la 1ère Guerre Mondiale, il fréquente la bohème de Montmartre (Surtout le « Le Lapin Agile »), en compagnie d'Apollinaire, Picasso, Modigliani, Mac Orlan, Carco, Max Jacob.
Il s’engage volontairement dans l’armée lors de la Guerre 14-18 car selon lui, on ne peut laisser aux autres le soin de défendre la patrie. Il est versé au 74e régiment d'infanterie de ligne de Rouen le 21 août 1914. Il combat en Argonne et au nord de Reims; puis passe au 39e régiment d'infanterie de ligne. Il participe aux combats du bois du Luxembourg en février 1915, à la Deuxième bataille d'Ypres dans le cimetière de Neuville-Saint-Vaast en juin 1915 entre autres. Il devient élève pilote, est nommé caporal et décoré de la Croix de guerre. Il est blessé en 1915 et reçoit la Croix de Guerre. Il tire de ses expériences au front un livre, qu’il publie en 1919 : les Croix de Bois. Ce livre devient rapidement un bestseller extrêmement apprécié au point qu’on en fasse un film, réalisé par Raymond Bernard, en 1932.
En 1923, il épouse Hania Routchine, une artiste russe. Il voyagea beaucoup avec elle.
En 1929, Roland Dorgelès entre à l'Académie Goncourt. Il en deviendra le Président 26 ans plus tard, en 1954. Il gardera ce titre jusqu'à sa mort.
Il fut correspondant de guerre en 1939-1940, il racontera ses expériences dans de nouveaux livres comme Retour au front (1940), Carte d'identité (1945) et Bleu horizon (1949).
Il écrira d’autres œuvres qui montreront son talent diversifié dans le domaine de l’écriture, par exemple Le Cabaret de la belle femme(1919) et La Banane empoisonnée(1967).
Sa femme décède en 1960. Il se remarie en 1961 a Madeleine Masson, qu’il connaît depuis 1930. Il meurt le 18 mars 1973 a l’âge de 87 ans. Jusqu'à aujourd’hui, on se rappelle de lui lors de la remise d’un prix Roland Dorgelès, donné par l’Association des Écrivains Combattants qui fut longtemps présidée par ce dernier.
Dorgelès en 1923, Agence de Presse Meurice |
Sources
Roland Dorgelès, Les Croix de bois
Résumé critique
Durant la première guerre mondiale (1914-1918), les soldats Français se
battent sur le front du Nord de la
France, Les nouveaux qui sont intégrés dans la troupe sont encore épargnés par
de la dureté de cette guerre qui amène le souvenir des proches et des endroits
aimés aux soldats partis depuis longtemps. Quand l’escadron doit faire
une mission au front, le narrateur raconte la partie noire de celle-ci. Il y
laisse des camarades qui eux aussi ont peur, se disant qu’ils peuvent finir
comme les soldats abandonnés, morts sur le champ de bataille. Ils tentent de se
rationaliser en se disant que ça ne leur arrivera jamais.
Le roman de Dorgelès met en avant la
réalité de la guerre en décrivant le dur quotidien des
soldats, autant au front, qu’à l'arrière ou en déplacement. Le
livre met donc l’accent sur l’organisation parmi les soldats, la façon
dont ils voient cette guerre et ses conséquences.
Le caractère des personnages, est un
peu brut, comme si même les plus respectueux d’entre eux, de part cette guerre,
avaient dû s'endurcir, ce qui était devenu une nécessité. Même ceux qui
semblaient les plus doux au départ semblent devenir plus crus au fil du livre.
Cela reflète toute la réalité des soldats, qui doivent survivre plus que vivre
dans les tranchées, entre les déplacements et la majorité du temps dans des
conditions déplorables.
L’auteur choisit de se représenter
lui-même dans son livre (inspiré de ses expériences à la guerre) sous un
pseudonyme. Malgré tout, il ne décrit jamais ses émotions. Il parle toujours de
celles des autres. Ainsi, le ton semble assez lourd, sans pour autant mettre
mal à l’aise le lecteur et le faire fuir. On a plus l’impression de voir les
personnages, les batailles, les morts à travers un voile flou.
L’auteur met aussi en avant une part de la guerre mis davantage aux
abîmes: les courts moments de joie, de rires et de bonheur attrapés à la
volée.
Un des points forts de ce livre c’est
le fait que l’auteur est un des personnages de cette histoire. On sait donc
qu’il a survécu à la guerre qu’il nous raconte, et c’est cela qui rend
l’histoire plus intéressante.
Par contre, le déroulement de l’histoire est très long. En effet, on assiste en tant que lecteur à chaque aspect de
la vie quotidienne d’un soldat, des petites discussions à l'arrière jusqu’aux descriptions de batailles à leur
retour et l’annonce de pertes humaines au front.
Malgré tout, le fait que l’histoire
soit très répétitive et donc plus longue à lire, est aussi un intérêt dans
l’œuvre car cela nous montre que le quotidien de l’armée est très long et
répétitif. Un autre intérêt de ce
livre, est que l’auteur ne voit pas seulement les aspects négatifs de la
guerre, il est aussi un des personnages qui cherchent des côtés positifs à son
expérience dans l’armée. Il la voit plus comme un combat qui sauve sa patrie
que comme un sacrifice inutile, même s’il sait qu’il pourrait
perdre la vie.
L’autre œuvre avec laquelle on peut comparer celle-ci
est Poil de carotte, car dans cette
dernière, le personnage principal se plaint souvent, pratiquement tous le
temps, car c’est l’histoire du livre. On y voit un enfant qui considère que la
vie est trop cruelle avec lui parce que sa mère n’était pas des plus
sympathiques. À l’opposé, dans Les Croix
de bois, on peut observer, que quelqu’un qui est face à une dure
réalité où il a de grosses chances de perdre la vie arrive à être beaucoup plus
positif qu’un petit garçon sans problèmes trop importants, à part
l’estime que sa mère n’a pas pour lui.
Illustration d’un extrait de l’oeuvre
***
— Oui, il a fallu connaître la misère,
approuve Gilbert. Avant, nous ne savions pas, nous étions des ingrats…
Maintenant, nous savourons la moindre
joie, ainsi qu’un dessert dont on est privé. Le bonheur est partout :
c’est le gourbi où il ne pleut pas, une soupe bien chaude, la litière de paille
sale où l’on se couche, l’histoire drôle qu’un copain raconte, une nuit sans
corvée… Le bonheur ? mais cela tient dans les deux pages d’une lettre de chez
soi, dans un fond de quart de rhum. Pareil aux enfants pauvres, qui se
construisent des palais avec des bouts de planche, le soldat fait du bonheur
avec tout ce qui traîne.
Un pavé, rien qu’un pavé, où se poser
dans un ruisseau de boue, c’est encore du bonheur. Mais il faut avoir traversé
la boue, pour le savoir.
J’essaie de pénétrer l’avenir, de voir
plus loin que la guerre, dans ce lointain brumeux et doré comme une aube d’été.
Irons-nous jusque-là ? Et que nous donnera-t-il ? Serons-nous jamais lavés de
cette longue souffrance ; oublierons-nous jamais cette misère, cette fange, ce
sang, cet esclavage ? Oh ! oui, j’en suis certain, nous oublierons, et il ne
restera rien dans notre mémoire, que quelques images de bataille, que la peur
n’enlaidira plus, quelques blagues, quelques soirées comme celle-ci. Et je leur
dis :
— Vous verrez… Des années passeront.
Puis nous nous retrouverons un jour, nous parlerons des copains, des tranchées,
des attaques, de nos misères et de nos rigolades, et nous dirons en riant : «
C’était le bon temps… »
Nous avons choisi cet extrait car il illustre bien la réalité des
soldats lors de la guerre, le fait qu’ils doivent se contenter des courts
moments de joie dont ils disposent. C’est le passage qui montre le mieux la
capacité de ces gens à savoir capturer le meilleur dans chaque instant, même
ceux qui semblent anodins.
Travail réalisé par:
Mélodie Nelson, classe de 2nde 1
Hilary Similien, classe de 2nde 1
Kimberley Rousselot Pailley, classe de 2nde3
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