Affiche 1 : The Happy Man Today
is the Man at the Front.
Affiche de propagande
pour le recrutement de soldats canadiens, afin de rejoindre le 73eme bataillon
des highlanders - les montagnards, les “hommes des hautes terres”. La
date de création de l’affiche n’est pas vraiment connue, mais on suppose que
c’était au beau milieu de la Grande Guerre.
Dimensions : 106.7/70
cm.
Cette affiche rédigée en anglais fut principalement exposée à
Montréal, qui déjà était la plus grande ville du Québec, et qui envoya
plusieurs bataillons d’infanterie sur le Vieux Continent. Ce régiment-là, les
Royal Highlanders of Canada (2), fut créé en 1916. . Le slogan est, en français, Aujourd’hui un
homme heureux est un homme au front. Le message est adressé à la minorité
écossaise canadienne. Nous y voyons un homme, portant un uniforme et un kilt , joufflu et souriant (1). Il tient sa baïonnette
avec fierté, avec une main et en l’appuyant sur son épaule. En rouge est
inscrit le nom du régiment ainsi que le fameux “Join [it] now !” (4).
Le lieu où l’on s’engageait est aussi inscrit en bas de la fiche (5)
(cette caserne existe toujours !). D’après l’affiche, le seul vrai
homme heureux pendant la guerre est celui qui combat pour son pays, au front
(1). Elle présente la guerre comme un devoir patriotique, une aventure humaine
qui rend les hommes fiers d’eux-mêmes. La guerre augmente la confiance en
soi, c’est le symbole de la virilité, une péripétie grâce à laquelle chacun
est un héros. Mais qu’en était-il vraiment ?
Il est intéressant de souligner et d`étudier le contraste avec la
vérité. La Première Guerre Mondiale, comme nous le savons, fut une des
grandes boucheries du XXème siècle. Alors qu’auparavant les guerres étaient
perçues comme une grande aventure, et que les soldats y allaient “la fleur au
fusil”, celle-ci traumatisa tous les pays qui y participèrent. Les conditions
de vie déplorables, le marasme des tranchées, les obus et les attaques au gaz
constituaient le quotidien des soldats, au front. Certains revenaient amputés
ou déformés (les gueules cassées).
Y avait-il, à cet époque, plus malheureux et misérable
qu’un soldat ?
Le soldat heureux, tel que
présenté par l’affiche. Il est fier et en bonne santé, les joues rouges, et
presque un peu potelé.
La réalité: les soldats s’enterrent dans les tranchées pour se
protéger des obus. Ils vivent dans la crainte constante. Ils sont misérables.
Ils se fondent à cette terre boueuse et ravagée.
Les rares exceptions : ces moments de joie après une bataille réussie
sans trop de pertes. Certes, la réalité était à l’opposé de ce que veut
nous faire croire l’affiche : les soldats protégeaient leur nourriture des
rats et voyaient constamment leurs amis et camarades mourir, quand ce n’était
pas leur tour. Il s’enfonçaient sous terre et étaient crasseux et
lamentables. Pourtant, le soldat pouvait - à de rares moments de
victoire, certes - redevenir cette icône, ce héros courageux, que nous
pouvons maintenant comparer au personnage de l’affiche.
|
Pour la petite
histoire, les Royal Highlanders, ou Black Watches, sont toujours
actifs. Nous pouvons faire une comparaison avec leur affiches de propagandes
actuelles, qui utilisent les mêmes outils de persuasions qu’il y a cent ans :
l’aventure humaine et la virilité.
Affiche 2 : Fight for Her (Bats-toi
pour elle)
affiche de
recrutement de 1915 publiée à Toronto par Harris Lithographing Co. Ltd.
médium : affiche
lithographique
dimensions: 90 x 57
cm
Calque:
1 : peinture d’un
paysage peint par Whistler, présent sur le tableau d’origine Arrangement in Gray and Black
2 : mur jaune
3 : mère de Whistler
4 : certification
montrant que l’affiche a été inspirée d’une oeuvre de J. Whistler
5 : inscription « Come
with the Irish Canadian Rangers Overseas Battalion Montreal » et nom du
responsable du bataillon, le lieutenant-colonel H.J. Trihey
On peut diviser cette
affiche en quatre parties horizontales avec la ligne du bas du tableau accroché
sur le mur, la ligne du haut de la plinthe brune et la ligne du haut du cadre
du slogan.
Le slogan, Fight
for her, est écrit en vert et en grosses lettres sur le quart du haut
de l’affiche par-dessus la peinture. Sur les trois premiers quarts de
l’affiche, une vieille femme habillée en noir est peinte assise de profil de la
tête au pied. En arrière-plan, une peinture de paysage est accrochée sur un mur
jaune. Sur le quart du bas,
on lit l’inscription « come with the Irish Canadian Rangers Overseas
Battalion ». Les mots « Irish Canadian Rangers » sont
écrits en vert en caractères plus gros.
Cette affiche est
inspirée du tableau Arrangement in Gray and Black du peintre
américain-britannique James McNeill Whistler, peint en 1871. Il s’agit d’une
célèbre huile sur toile, plus connue sous le nom de Whistler’s Mother. À
l’origine, pour ce tableau, James McNeill Whistler devait peindre un modèle,
mais ce dernier n’ayant pu être présent, Whistler a finalement peint sa mère
qui a posé assise à cause de ses problèmes de santé.
Les couleurs de
l’affiche sont plutôt chaudes et la mère de Whistler semble détendue, calme.
L’ensemble de l’affiche semble ainsi paisible. Il s’agit d’une vision
différente de la majorité des affiches pour l’enrôlement durant la 1ère Guerre
mondiale.
Le slogan écrit en
vert, couleur emblématique de l’Irlande, suscite l’attention des minorités
canadiennes d’origine gaélique.
De plus, l’affiche
est basée sur une peinture très connue des Britanniques. Les
Canadiens-Irlandais peuvent également se reconnaître à travers le mélange de
culture britanno-américaine du peintre James McNeil Whistler.
L’affiche défend la
valeur du patriotisme. La couleur verte représentant l’Irlande rappelle aux
Canadiens-Irlandais leurs origines et leur devoir de protèger les pays de la
Triple-Entente.
Cette affiche vise
surtout à toucher les jeunes hommes. La mère dévouée du tableau de Whistler,
l’élément central de l’affiche, met en valeur l’importance de la famille. Elle
rappelle aux jeunes hommes les efforts que leurs familles ont fournis pour les
élever et les pousse à protèger leurs familles en retour en s’inscrivant au
bataillon de Montréal d’outre-mer spécifique pour les immigrants irlandais, the
199th Battalion. Ce bataillon, aussi nommé Duchess of Connaught’s Own
Irish Rangers, en l’honneur de la duchesse de la province irlandaise de
Connaught, a recruté des soldats de 1915 à 1916. Les soldats ont été envoyés en
Europe en décembre 1916 et sont arrivés en Irlande en 1917 puis ils se sont
déplacés en France. Cependant, les soldats du 199th Battalion n’ont
jamais combattu ensemble. En effet, le soldats de ce bataillon servaient avant
tout à remplacer les blessés et les morts des autres bataillons canadiens. En
mai 1917, le 199th Battalion a été intégré au 23ème bataillon canadien
d’outre mer.
Le slogan “Fight for
her”, ou “Bats-toi pour elle” en français, peut être interprêté comme une
analogie de l’image de la mère à l’Angleterre, pays auquel le Canada est
toujours rattaché durant la Première Guerre Mondiale.
Les affiches faisant
appel à des minorités de la population semblent être utiles. On constate que
plus de 70% des Canadiens enrôlés durant la Première Guerre Mondiale
proviennent d’immigrations récentes venant du Royaume-Uni. Cela est aussi lié
au fait que ces immigrants nouveaux-venus demeurent encore attachés à leurs
origines européennes.
« If you cannot join him,you
should help her » est une affiche de propagande du Fond Patriotique
Canadien. Elle a été faite entre 1915 et 1918. Son médium est une
lithographie et son support est du papier.
Le Fond Patriotique Canadien est un
fond de bienfaisance établi au canada pendant la première guerre mondiale par
une loi du Parlement du Canada en 1914. Il a été présidé par un homme
d’affaires de Montréal et député fédéral du parti conservateur, Herbert Brown
Ames. C’était une organisation privée qui amassait des fonds pour les familles
des soldats. Le fond a duré du début de la guerre jusqu’au 31 Mars 1917.
L’organisation a récolté environ 50 millions de dollars.
Message : “Si vous ne partez pas à la
guerre, aidez les familles des soldats en donnant de l’argent”.
On peut séparer cette affiche en deux.
1-La première partie est celle avec le
soldat au front. Nous pouvons voir un soldat content qui vient de tirer avec
son fusil. Il y a des sacs de sable. Le soldat est mis valeur puisqu’on peut
voir qu’il n’a pas peur de se battre. La fumée sortie de son fusil nous indique
qu’il a surement tué un Allemand. Nous pouvons penser que le soldat pense à sa
femme mais aussi à la victoire de son pays. En haut à droite, nous pouvons voir
en blanc l’expression « if you cannot join him ».
2-En bas de l’affiche, nous pouvons
voir en premier plan une mère et surement ses deux enfants. Elle nous
regarde ainsi que sa petite fille. Son garçon, quant à lui, se tourne vers
le Canadian Patriotic fund office. À l’arrière plan nous remarquons
qu’il y a deux femmes dont l’une en robe blanche qui peut symboliser
l’innocence ou la liberté
ou l’honnêteté. L’autre femme prend un papier, cela peut être de
l’argent. La femme de la deuxième partie peut être la femme du soldat.
Cette affiche incite les gens qui ne partent pas à la guerre à aider les
femmes des soldats en donnant de l’argent ou des bons.
Affiche 4 ,
Festubert fut une
grande bataille victorieuse française, en 1915, dans laquelle les forces
canadiennes eurent un grand impact. Cette affiche loue aussi leur mémoire.
Voici ici une affiche
de propagande d’un style nouveau, tournant autour de paroles de chant de
soldats français (2), dans laquelle il est écrit que l’armée réprouve cette
guerre, mais qu’il faut aller défendre les couleurs britanniques et canadiennes
contre les ennemis : “Oui, vous avez raison, c’est hideux ce carnage [...]
mais sachons nous battre au moins puisqu'on se bat” . D’après l’affiche,
qui soutient ici l’opinion populaire, la guerre est bien une horreur, mais il
faut combattre ceux qui s’opposent au “Progès”. Il faut bien défendre notre
monde civilisé, démocrate et beau contre cet ennemi barbare et puissant qui a
fait basculer notre époque au “Moyen-Age”. Ici, l’armée reconnaît la réalité :
la guerre n’est pas cette aventure que l’on a voulu faire croire au peuple,
mais bien une insanité qui ne devrait plus appartenir au monde moderne, qu’il
faut pourtant préserver des “Boches”. Nous savons pourtant, aujourd’hui, que la
Grande Guerre ne fut pas une opposition entre un monde moderne contre un monde
barbare, mais un grand jeu d’alliances entre deux camps (La Triple Entente et la
Triple Alliance). Ce fut lors d’une étincelle (l’attentat de Sarajevo) que les
engrenages d’unions transformèrent l’Europe en un immense brasier. Les
modes de vie et les cultures allemande et autrichienne (pour citer les
principaux ennemis) n’étaient pas vraiment différentes de ceux des vainqueurs.
Nous
voyons donc un soldat, droit et fier, portant son fusil à l’épaule (3). Il
regarde droit devant lui, serein. Derrière lui se tient le drapeau britannique
(4), symbolisant le devoir pour la patrie. Ce dernier est entouré de branches
et de feuilles d’érable, symbole national canadien. Le nom du groupe est
inscrit en haut de l’affiche : Les Héros de Saint Julien de Festubert.
(1)
En bas la
question est posée : Suivrons-nous leur exemple ? (5).Elle suivie d’une
incitation à s’engager. (6)
Le Canada ,
comme nous le savons, fut un acteur majeur de la 1ère Guerre Mondiale. Cette
affiche eut un fort impact auprès des populations québécoises.
CHANT DU SOLDAT.
Oui, vous avez raison; c'est hideux le carnage;
Oui, le Progrès blessé recule et se débat;
Notre siècle en fureur retourne au moyen âge,
Mais sachons donc nous battre au moins puisqu'on se bat.
Oui, le sort nous a pris de bien chères victimes,
Et Regnault expirant est là comme un remords :
La guerre a de ces coups, la gloire a de ces crimes.
Mais l'égoïsme humain est plus laid que la mort... —
Il est sous le soleil des heures de vertige
Où la vertu d'un peuple hésite et s'interrompt,
Où, couvrant de grands mots l'instinct qui la dirige,
La peur même, la peur n'a plus de rouge au front-
C'est là, c'est au travers de ces époques noires
Qu'un ennemi rampant s'est glissé jusqu'à nous;
Ses monstrueux anneaux ont étouffé nos gloires.
Et la France enlacée est encore à genoux.
Pauvre France I que Dieu te protège... et te change!
Ton espoir était fou, que ton deuil soit sensé.
Tu parles déjà haut de l'avenir qui venge.
L'avenir qui répare est-il donc commencé?
Oui, vous avez raison; c'est hideux le carnage;
Oui, le Progrès blessé recule et se débat;
Notre siècle en fureur retourne au moyen âge,
Mais sachons donc nous battre au moins puisqu'on se bat.
Oui, le sort nous a pris de bien chères victimes,
Et Regnault expirant est là comme un remords :
La guerre a de ces coups, la gloire a de ces crimes.
Mais l'égoïsme humain est plus laid que la mort... —
Il est sous le soleil des heures de vertige
Où la vertu d'un peuple hésite et s'interrompt,
Où, couvrant de grands mots l'instinct qui la dirige,
La peur même, la peur n'a plus de rouge au front-
C'est là, c'est au travers de ces époques noires
Qu'un ennemi rampant s'est glissé jusqu'à nous;
Ses monstrueux anneaux ont étouffé nos gloires.
Et la France enlacée est encore à genoux.
Pauvre France I que Dieu te protège... et te change!
Ton espoir était fou, que ton deuil soit sensé.
Tu parles déjà haut de l'avenir qui venge.
L'avenir qui répare est-il donc commencé?
Sources:
http://mieux-se-connaitre.com/?p=4086 http://www.museedelaguerre.ca/cwm/exhibitions/guerre/photo-f.aspx?PageId=3.D.4&photo=3.D.4.n&f=%2Fcwm%2Fexhibitions%2Fguerre%2Frecruitment-posters-f.aspx
Affiche 5
Cette affiche a été créée par David Wilson (1873-1935) en janvier 1918,
et a été affichée pendant un mois. Nous étions donc à la fin de la guerre,
quelque mois avant l’armistice. Il s’agit d’une lithographie en couleurs. Ses
mesures sont 76 cm par 50 cm. Elle appartient à l’Empire Britannique et fut
aussi exposée au Canada.
1. Tout en haut, nous
pouvons voir deux phrases « British Empire Union » (« L’Union
de l’empire Britannique »)
et « Once a German-Always a German » (« Allemand un jour, Allemand
toujours »). La deuxième phrase est le titre de l’affiche.
2. En haut, à gauche
nous voyons un soldat allemand qui vient de tuer un bébé. Il l’a transpersé
avec l’épée qu’il a au bout de son fusil. Ce soldat est allemand comme nous
pouvons le voir grâce. Derrière lui, il y a une femme qui est couchée sur un
lit.
3. Au milieu de
l’affiche, en haut, nous pouvons voir encore ce soldat allemand qui cette
fois-ci a attaché un autre soldat sur un long pilori. Le soldat qui est attaché
penche la tête vers le bas, vers le sol. Les deux soldats sont peut-être dans un
camp de concentration puisque nous remarquons des fils barbelés qui empêchent
les prisonniers de sortir. Le soldat est attaché par les pieds et par le
torse.Ses yeux sont couverts par un tissu de couleur blanche.
4. En haut à droite,
nous pouvons voir un soldat allemand mais habillé en blanc. Il peut-être un
général. Il est assis sur une chaise. Il y a une bouteille de vin à ses pieds.
Il demande du vin à une femme qui se trouve derrière lui. La femme porte une
robe bleu foncé. Elle a l’air d’avoir peur et peut être une captive de l'Allemand.
5. Ici un allemand au
regard meurtrier tenant un poignard et une torche en main, semble aller vers
nous. Derrière lui, on aperçoit une ville dévastée ainsi que des cadavres de
soldats morts.
6. Cette image
représente ce même Allemand, l’air civilisé et chic. Il vient vers nous avec le
sourire.
7. Une croix est dessinée, avec le nom d’Edith Cavell, une
infirmière anglaise fusillée par les Allemands pour avoir aidé les soldats
alliés qui s’enfuyaient de Belgique.
8. Ici un
navire allemand détruisant la flotte anglaise.
9. Enfin, un texte
qui, traduit en français, veut dire : « Chaque employé allemand veut dire
un employé anglais en moins; chaque article allemand vendu signifie un invendu
britannique ».
Nous revoyons ici le contexte récurrent d’une Allemagne barbare, dont la
sauvagerie s’oppose au monde civilisé. Pourtant, nous observons un
contraste saisissant au centre de l’affiche. Un personnage allemand y est
représenté deux fois, d’une manière presque symétrique, à ceci près que le
contexte et son expression changent. Nous le voyons, à gauche, en
pleine bataille. Il a le regard haineux, il tient un poignard et un
explosif (ou une torche) en main et son habit est tâché de sang.
Il laisse derrière lui une ville détruite, notamment ce qui pourrait être
une église (ce qui montre alors un personnage sans foi ni loi). Il laisse aussi
des cadavres de soldats anglais. On peut supposer que cette image représente
une version cauchemardesque d’une Londres envahie par les Allemands. En haut,
nous voyons un “Boche” qui transperce littéralement un chérubin avec sa baïonnette,
après avoir tué la mère, et tout cela avec un sourire sadique. Le dessin du
centre montre un autre Allemand qui, tout souriant, martyrise un prisonnier
attaché au piquet d’exécution, tout sanguinolent. Enfin, nous voyons un
gradé en uniforme blanc et avec le casque jaune à plume, affalé dans un canapé,
brandissant un verre d’alcool et qui effraie une femme en haillons.
Pourtant, une autre image nous est montrée de l’Allemand : nous le
voyons en costume, l’air bienveillant, portant une malette et levant son
chapeau melon en signe de salut poli. Derrière lui se tient une usine
crachant de la fumée. Le message ici est clairement de ne plus
jamais faire confiance aux Allemands, de toujours se rappeler leur vraie nature
qu’ils ont dévoilée lors de la Grande Guerre, la tombe de la martyre Edith
Cavell à l’appui. Les Germains, donc, seront toujours ces monstres qui tuent,
pillent, volent et violent sans scrupule aucun, et cela même sous leurs airs
les plus aimables et civilisés. “Remember !”, “Rappelez-vous” de leur haine, de
leur crauté, de leur inhumanité.”Un Allemand reste un allemand ”appuie
aussi l’affiche. Les britanniques, eux, doivent s’engager afin de détruire ces
monstres, aux côtés des autres pays comme la France et les États-Unis.
Nous savons pourtant très bien aujourd’hui que les Allemands ne
commettaient pas plus d’atrocités que les autres, et que l’Allemagne n’était
certainement pas un pays plus “sauvage”. Un des grands thèmes de
propagande pendant la guerre était de “diaboliser” l’ennemi, d’inciter les
hommes à le combattre en disant, par exemple, que le bébé transpercé pourrait
être leur enfant, que les soldats tués pourraient être leurs amis ou frères et
que la femme probablement agressée et violée pourrait être leur femme. Stimuler
la peur et le dégoût de l’ennemi auprès des populations était (et est toujours)
une technique de propagande en temps de guerre.
affiche de
propagande publiée par Harris Litho. Co. Limited à Toronto.
dimensions : 70
x 53 cm
médium : affiche
lithographique
Calque :
1 : inscription
« S.O.S. » et « Soldiers Of the Soil » et câbles électriques
2 : illustration
d’un champ de bataille
3 : illustration
d’un fermier et de ses 3 chevaux
4 : illustration
d’une médaille de l’organisation Canada Food Board
Sur
cette affiche au fond noir, sur le haut, on lit l’inscription « S.O.S. » écrite
en gros caractères majuscules avec une police ‘tremblante’. En arrière–plan, on
distingue deux poteaux de câbles électriques. Sous cette inscription, il est
écrit « Soldiers of Soil ». Au centre de l’affiche, on voit un cadre bleu foncé
avec quelques mots écrits en blancs « BOYS TO THE FRONT » (Garçons au front), «
COME ON CANADIAN VOLUNTEERS » (Venez,
volontaires canadiens), et «
THEIR BIT » ( leur part).
Par-dessus ce cadre, il y a deux illustrations : sur la première illustration,
on voit un nuage grisâtre dans lequel on distingue des soldats sur un champ de
bataille; et sur la deuxième illustration, on voit un fermier montant un cheval
avec deux autres chevaux. On peut également lire d’autres inscriptions, écrites
avec une police plus petite, en blanc sur l’arrière-plan noir : « OLDER BOYS! (15
TO 19 YEARS) ON THE FARM » : (Garçons
plus vieux ! à la ferme), «SERVE YOUR COUNTRY » (Servez votre pays), «
OUR BIT » ( Notre part) et « MORE FOOD » : (Plus de nourriture). Au bas de
l’affiche, à droite, il y a un court paragraphe expliquant que tous les jeunes
fermiers qui travailleront pour nourrir l’armée recevront une médaille
d’honneur. À droite, on peut voir une illustration de cette médaille sur
laquelle il est écrit Canada Food Board (comité de nourriture Canadien).
Durant
la guerre, le travail des agriculteurs est primordial pour la survie des
soldats et de la population. Or, la plupart des agriculteurs étant partis
combattre et le Canada devant soutenir les besoins alimentaires de la
Grande-Bretagne, la production alimentaire est en baisse, provoquant des
pénuries. Ainsi la Commission canadienne du ravitaillement est créée en février
1918, pour lancer des campagnes de luttes contre les pénuries.
Cette
affiche publiée sous la responsabilité de l’organisation Canada Food Board - la
Commission canadienne du ravitaillement - s’adresse aux jeunes fermiers âgés de
15 à 19 ans de l’Ouest du Canada, la plus grande région agricole du Canada, et
les encourage à participer à l’effort de guerre en donnant une partie de leur
production pour nourrir l’armée et la population civile. La participation de
ces adolescents est très importante étant donné que les adultes sont partis
combattre.
Sur
l’affiche, l’inscription de l’acronyme ‘S.O.S.’ (1) signifiant Soldiers of Soil
(Soldats de la terre) peut être
interprêté comme Save Our Souls
(Sauvez Nos Âmes). La police et
l’illustration de cette inscription représentent des câbles électriques. La
participation des adolescents dans les fermes est donc présentée comme étant
vitale pour le Canada.
Sur
l’affiche, plusieurs interpellations rappellent aux soldats qu’ils doivent tous
participer à l’effort de guerre. Dans le cadre bleu, on voit deux manières de
participer à la défense du Canada : combattre au front, idée représentée dans
le petit espace avec de la fumée grisâtre, du feu (2); ou produire à manger, idée
représentée par un jeune homme dans un champ avec des couleurs chaudes
jaune-orange (3). Travailler dans les fermes semble ainsi plus facile et plus
sécuritaire que partir combattre au front. Toutefois, le travail des adolescents
sur l’affiche est valorisé de la même façon que le travail des soldats.
L’affiche est faite de la même façon que les affiches de propagande incitant
les soldats à s’enrôler dans l’armée, en suggérant le danger avec le fond de couleurs
sombres et l’inscription ‘S.O.S’. Par ailleurs, elle indique que tout paysan
adolescent volontaire pour donner ses récoltes à la Commission canadienne de
ravitaillement recevra une médaille d’honneur (4), semblable aux médailles
d’honneur des soldats vainqueurs.
L’affiche
fait appel à l’envie d’accomplissement des adolescents en montrant qu’ils
peuvent se prouver et accomplir leur
devoir de citoyen en participant aux travaux agricoles de la Commission
canadienne de ravitaillement. Ce procédé s’est averé plutôt efficace :
environ 22 000 adolescents se sont portés volontaires pour travailler sur des
terres agricoles pour la Commission canadienne de ravitaillement.
Aymeric Maigne
Maxime Poignand
Tu-Vi Truong
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